Homélie du 22ème dimanche du temps ordinaire
Abbé Jean Compazieu | 21 août 2021Mettez la Parole en pratique,
ne vous contentez pas de l’écouter
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Mais dans l’Évangile de ce jour, ce n’est pas de cela qu’il s’agit. Pour les scribes et les pharisiens, c’était un geste religieux qui était transmis par la tradition des anciens. Jésus ne leur demande pas d’abandonner ces pratiques ; mais il ne veut pas que celles-ci les détournent de l’essentiel. Il leur rappelle que ce qui rend impur c’est ce qui sort du cœur de l’homme. Pour Jésus, la lutte contre l’impureté est avant tout une lutte intérieure ; c’est au-dedans de nous, au plus profond de notre cœur qu’il faut combattre les gestes impurs de l’égoïsme, de l’orgueil, de la violence et du mensonge.
Le problème c’est que ce culte purement extérieur ne correspondait pas à une attitude intérieure vraie. Et Jésus ne manque pas d’en faire le reproche : “Ce peuple m’honore des lèvres mais son cœur est loin de moi. Il est inutile le culte qu’ils me rendent. Les doctrines qu’ils enseignent ne sont que des préceptes humains.” Puis Jésus va encore plus loin dans sa réponse : “Vous laissez de côté les commandements de Dieu pour vous attacher à la tradition des hommes.”
Toutes ces pratiques traditionnelles sont inscrites dans le livre du Lévitique. Les chefs religieux y étaient très attachés. Pour eux, c’était important. Mais Jésus leur reproche d’oublier le livre du Deutéronome, en particulier l’extrait que nous avons entendu dans la 1ère lecture. Nous y découvrons des paroles qui sont celles d’un Dieu libérateur. Elles sont adressées à un peuple qui était esclave en Égypte. Sous la conduite de Moïse, Dieu les a libérés de cette situation dramatique. La Bible nous raconte comment ils ont traversé la Mer Rouge et marché dans le désert pour se rendre vers la Terre Promise.
Aujourd’hui, nous découvrons que Dieu veut leur faire franchir une nouvelle étape : en lui donnant sa loi, il lui offre un passeport pour la liberté. En effet, seuls les peuples libres ont une loi. Les autres sont soumis à l’arbitraire et à la violence ; cela, nous le voyons tous les jours. Nous vivons dans un monde qui souffre à cause de ces violences et de ces injustices. Mais l’auteur du livre du Deutéronome vient nous dire que Dieu n’a jamais cessé de nous aimer. La loi qu’il donne à son peuple se résume en deux volets : Aimer Dieu et aimer tous nos frères.
Le premier volet regarde Dieu : “Tu aimeras le Seigneur ton Dieu”. Ce commandement est une réponse au Dieu créateur qui fait sans cesse le premier pas vers nous. Il est passionné d’amour pour le monde. En dehors de lui, il n’y a pas de bonheur possible. C’est sur lui que nous sommes invités à construire notre vie. Il ne suffit pas d’accomplir des gestes religieux. L’alliance entre Dieu et les hommes est une histoire d’amour passionné.
Le deuxième volet concerne l’amour du prochain. Il s’agit d’éviter tout ce qui peut faire du mal aux autres. Plus tard, Jésus nous révèlera que Dieu est un Père qui aime chacun de ses enfants. Son amour est pour tous sans exception. Si nous faisons du mal à quelqu’un, c’est contre Dieu que nous péchons. Plus un amour est grand, plus on voit ce qui l’offense. C’est important pour nous aujourd’hui. Nous vivons dans un monde qui souffre de la violence, de l’indifférence, du mépris et de toutes sortes de malheurs. Notre mission c’est d’y vivre autrement et d’y porter l’amour.
Dans sa lettre, saint Jacques s’adresse à des nouveaux baptisés qui vivent en milieu païen et hostile. Il les invite précisément à y vivre autrement. Au jour de leur baptême, ils sont entrés dans une vie nouvelle. Au centre de cette vie, il y a le Christ Lumière du monde. Ses paroles sont celles “de la vie éternelle”. Cette bonne nouvelle vient changer notre relation avec Dieu et avec les autres. Si nous voulons vivre en accord avec Dieu, il ne faut pas oublier ceux et celles qui ont la première place dans son cœur, les orphelins, les veuves et tous les exclus de la société.
En ce jour, nous renouvelons notre attachement au Christ et à son Évangile. Ce que Dieu attend de nous, c’est que chacun donne le meilleur de lui-même. Le plus important c’est que nous soyons tous les jours habités par cette présence du Christ dans notre vie. C’est avec lui que nous apprendrons à déjouer les pièges du formalisme et à donner la première place à sa Parole. Il veut nous voir pratiquer librement ces deux grands commandements : L’amour de Dieu et l’amour de nos semblables comme nous-mêmes. Tout cela se trouve résumé dans le célèbre mot de saint Augustin : “Aime et fais ce que tu veux.”
Sources : Revue Feu Nouveau, fiches dominicales, Cahiers Prions en Église, Dossiers personnels…
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« Vous laissez de côté le commandement de Dieu pour vous attacher à la tradition des hommes. » (Mc 7:8) Aux pharisiens et aux scribes qui critiquaient ses disciples à propos d’un rite de purification avant chaque repas, Jésus condamne leur rigidité dans l’observance purement formelle de la Loi sans aller en profondeur au vrai sens rituel. Une observance qui n’engage pas le fond de la personne. En citant Isaïe, Il leur reproche : « Isaïe a bien prophétisé à votre sujet, hypocrites, ainsi qu’il est écrit : Ce peuple m’honore des lèvres, mais son cœur est loin de moi. C’est en vain qu’ils me rendent un culte ; les doctrines qu’ils enseignent ne sont que des préceptes humains. » (Mc 7:6-7) Jésus dénonce leur superficialité dans la pratique du culte : « Bien sûr, vous les pharisiens, vous purifiez l’extérieur de la coupe et du plat, mais à l’intérieur de vous-mêmes vous êtes remplis de cupidité et de méchanceté. » (Lc 11:39) Un piège dans lequel tombent de nombreux chrétiens : une pratique religieuse sans âme !
« Ne pensez pas que je suis venu abolir la Loi ou les prophètes. Je ne suis pas venu abolir, mais accomplir. » (Mt 5:17) La Loi et les traditions, Jésus les respecte. Cependant, ses enseignements, apportent un éclairage nouveau à la Loi de Moïse. Jésus invite tous ceux qui l’écoutent à une pratique authentique de la foi, à dépasser les apparences pour ne garder que ce qui constitue l’essentiel pour se rapprocher de Dieu. Le culte rendu à Dieu doit être une manifestation vivante de la foi. Il vient du fond du cœur. Un retour à la source, au-delà des apparences. « Dieu est esprit, et ceux qui l’adorent, c’est en esprit et vérité qu’ils doivent l’adorer. » (Jn 4:24) révèle Jésus à la samaritaine qu’Il a rencontrée au puits de Jacob.
Jésus critiquait les pharisiens de son temps, mais son message vaut également pour nous tous aujourd’hui. Il nous invite à mettre en avant une pratique religieuse dynamique et vivifiante. Le culte, c’est l’expression de notre foi. Il doit être sincère et authentique. Car, souvent, sans même nous en rendre compte, nous reproduisons l’hypocrisie des pharisiens toutes les fois que nous cherchons à soigner uniquement le côté extérieur sans chercher à améliorer le fond de notre cœur. Quand la routine s’installe, nous nous glissons petit à petit vers une observance totalement superficielle. Le culte doit nous aider à nouer une relation harmonieuse avec Dieu ! Il ne s’agit pas simplement de répéter des gestes et des mots imposés dans une cérémonie, mais d’agir en conformité avec ce que nous avons dans le cœur. Un juste équilibre entre l’expression de l’âme et notre participation au culte. Un excès dans l’un ou l’autre sens, et c’est la relation à Dieu qui peut être faussée.
Dans une société superficielle, l’apparence pèse plus que la réalité profonde de l’âme. La forme cache le fond ! On joue un personnage, on fait comme si… au lieu d’être réellement ce que nous sommes. Au niveau spirituel, cela se ressent également. Ne laissons pas cette façon de vivre prendre place en nous. Ne considérons pas la religion comme un amas de règles à suivre. Vue sous cet angle, c’est une religion qui étouffe ! Apprenons à dépasser les apparences car tradition et répétition peuvent nous conduire à des pratiques pieuses qui nous éloignent de Dieu. Beaucoup de chrétiens se contentent d’aller à la messe du dimanche sans vraiment la vivre. Jésus nous prévient : « Ce n’est pas en me disant : ‘Seigneur, Seigneur !’ qu’on entrera dans le royaume des Cieux, mais c’est en faisant la volonté de mon Père qui est aux cieux. » (Mt 7:21) Une invitation à vivre sincèrement notre foi. Un changement de comportement nous est donc nécessaire, et il se fait de l’intérieur. Ne nous avançons pas comme des pilotes automatiques, guidés par des normes pré-établies. « Avançons-nous donc vers Dieu avec un cœur sincère et dans la plénitude de la foi » (He 10:22) nous dit saint Paul. Plus que jamais, notre foi et nos pratiques religieuses doivent être en cohérence profonde.
Comment vivons-nous la messe du dimanche ? Une pratique de façade accompagnée de prières récitées machinalement, sans profondeur ? N’oublions pas que le culte rendu à Dieu se situe d’abord dans notre cœur. Notre foi ne doit pas se borner à l’accomplissement de quelques rituels qui n’auraient aucun impact sur notre vie quotidienne ! Gardons-nous de pratiquer notre foi sans mettre les enseignements du Christ en pratique. Dans la deuxième lecture de la liturgie de ce dimanche, saint Jacques nous recommande : « Mettez la Parole en application, ne vous contentez pas de l’écouter : ce serait vous faire illusion. […] Devant Dieu notre Père, la manière pure et irréprochable de pratiquer la religion, c’est de venir en aide aux orphelins et aux veuves dans leur malheur, et de se garder propre au milieu du monde. » (Jacques 1:22-27)
Nguyễn Thế Cường Jacques
quelle belle vidéo pour les cinquante ans de ton ordination, Père Jean.